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Franktôme

2008




Un soir de la fin du mois d’août de mille neuf cent soixante huit, quelques jours après la fin du printemps de Prague, Frans Van Roo, un étudiant de l’Université de Nanterre monta brusquement sur sa moto. Lassé par une conversation politique particulièrement animée et arrosée de ses co-locataires étudiants comme lui, il sentit comme un besoin pressant d’échapper à ces derniers, à leur conversation et à tant d’autres choses. Lancé sur son engin à vive allure il prit la direction de la campagne au nord de Paris et pensa à tout ce qui venait de se passer depuis quelques mois en France et ailleurs mais aussi à sa compagne tchécoslovaque qui venait de le lâcher. Tant d’événements, d’idées et de mots prononcés dans tous les sens, tant d’images de foules folles d’espoir ou de désespoir mais aussi le visage et le corps de celle qui était pour lui il y a encore quelques jours la personne la plus importante au monde, défilaient dans son esprit plus rapidement encore que ne défilait le bitume sous ses pieds. Envahi et accablé par ces pensées, Frans Van Roo observa le ciel nocturne se noircir de plus en plus sous l’apparition de quelques nuages cachant l’éclat de la lune et sous les feuillages du bois dans lequel il venait de pénétrer. Mais il ne ralentit pas, que du contraire, il accéléra même faisant vrombir sa moto plus encore dans la nuit noire de ce petit bois au nord de Paris.

Quelques minutes plus tard, une branche restée en travers de la route le fit déraper et chuter. Malgré l’arrivée très rapide d’une ambulance, Frans Van Roo ne se releva jamais.